Une palette de révolutions possibles

Une palette de révolutions possibles

Jean-René Delépine

Si le conteneur est la norme du commerce international, le véritable support de la marchandise reine est à chercher juste en dessous : la palette, et même plus spécifiquement, la palette-bois.

Sur ce petit plateau de 120 cm par 80 cm et 15 cm de hauteur (pour la palette Europe en tout cas), c’est toute la logique industrielle de standardisation et de normalisation qui s’emballe. Une activité dont les produits ne sont pas « palettisables » souffrira d’un sérieux handicap pour sa distribution. Et le circuit de ces palettes fait l’objet d’un suivi très attentif et de nombreuses modélisations (entre leurs parcours chargées, leurs périodes de maintenance éventuelle, et leurs parcours à vide depuis les endroits globalement plus consommateurs de marchandises vers ceux globalement plus producteurs de marchandises) tant il est structurant.

Cet objet est autour de nous par dizaines de millions et en augmentation (le taux de croissance des échanges palettisés est chaque année supérieur à celui des échanges globaux).

À ce sujet, un camarade de SUD-Rail de Metz-Nancy, avec qui j’échangeais sur les perspectives d’une remise au goût du jour des sabotages ouvriers, me disait qu’avec quelques autres, un de leurs fantasmes était de fabriquer des palettes « tordues » (de 115x85 au lieu des 120x80, ou bien dont le plan de pose est légèrement incliné, ou bien avec du bois pourri à partir du cœur dont la défaillance n’est pas prédictible à l’inspection extérieure, etc.), et de les injecter dans le système à différents endroits, l’air de rien. Il suffit ensuite d’attendre le chaos inévitable que le hors norme inflige aux processus hypernormés de la chaîne logistique. Le fameux grain de sable en somme, mais sous les traits de la palette.

En attendant de tels sabotages inventifs, il faut surtout souligner que, depuis son foyer d’origine des métiers de la logistique, la palette n’a cessé, ces vingt dernières années, de se rapprocher physiquement du quotidien de tout un chacun.

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Rencontres du premier type

Ce furent d’abord les pratiques de la grande distribution. Les lève-tôt des villes font l’expérience de l’embarras de l’espace urbain par les palettes. Car pour s’adapter aux restrictions d’accès des poids lourds aux centres des agglomérations, les supérettes et supermarchés urbains font approvisionner très tôt le matin la dizaine de palettes, qui, moitié sur le trottoir, moitié sur la chaussée, attendront les premiers employés pour être entrées et dépotées dans la réserve (le réassort des rayonnages se faisant ensuite, dans le magasin, sur des chariots à roulettes). Les hypermarchés, eux, se sont affranchis du dépotage des palettes dans la réserve, et font le réassort en amenant la palette directement avec un trans-palettes dans les larges allées de rayonnages, au milieu des consommateurs. Et au bout du bout, dans le modèle du hard-discount, ce sont les palettes elles-mêmes qui font les rayonnages. Ni dépotage, ni réassort, le consommateur se sert à même le lot palettisé. La palette vidée, une autre prend sa place.

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Rencontres du deuxième type

Comme toute chose se trouvant dans l’environnement des lieux de l’exploitation salariale, la palette-bois a depuis longtemps été intégrée aux matériaux bruts de barricade lors des occupations ou des piquets de grève. Et plus particulièrement des barricades enflammées, qui offrent cette expérience sensorielle du feu si étrangement forte (est-ce la mémoire sourde des « âges farouches » du début de l’humanité ?).

Dans ce registre, il y a aussi les pneus. Mais le feu de pneus, avec son panache noir, dense, âcre et dont la forte pollution rejaillit autant sur les barricadiers que sur les troupes des intemporels Versaillais, rend une humeur de rage désespérée, portant quelque chose de la tragédie des défaites. C’est la voile noire dans la mâture du bateau ramenant Thésée et ses compagnons, qui fait croire tragiquement à Égée que c’est la dépouille de son fils et non son fils, que les vents et la mer lui rapportent ; et de désespoir il se donne la mort en se jetant du haut de la falaise, sans attendre que le bateau accoste.

Tandis que le feu de palettes fait une belle flamme chaleureuse. Il n’est d’ailleurs pas toujours barricade, mais aussi, tout simplement, le foyer du piquet de grève, autour duquel, en hiver, l’on vient se réchauffer, discuter en buvant le café tiède des thermos, imaginer la prochaine action, former le cercle de l’assemblée générale souveraine, faire craquer le vieux monde, etc.

Faire craquer le vieux monde ! D’autres camarades de SUD-Rail, de Strasbourg cette fois-ci – décidément, le soleil se lève à l’Est ! – se rappelleront longtemps un certain feu de palettes durant le mouvement de l’hiver 2019-2020, à même le ciment de la cour de l’établissement, et qui s’était tranquillement consumé le temps que tout le monde arrive avant de partir pour l’action décidée. Alors que le départ avait été donné et que le groupe s’éloignait, retentit une détonation formidable, suivie de l’impression d’une mitraille de projectiles. C’était le ciment de la cour qui n’avait pas supporté le gradient de températures entre les -10 °C ambiant et le + 200 °C à l’endroit précis du feu, et qui avait littéralement explosé en projetant des éclats dans toute la cour. Les dieux de la grève n’étaient manifestement pas loin, car un quart d’heure plus tôt, de nombreuses paires de jambes auraient été blessées. Il peut alors en rester aujourd’hui, à l’évocation de ce moment, de franches rigolades qui réchauffent le sentiment collectif dans l’établissement.

Le feu de palettes est donc aussi un feu qui (ré) anime un devenir et un désir (ré) ouverts à l’émancipation. Une joie pure, pour faire référence aux écrits de Simone Weil sur les grèves avec occupation, que les éditions Libertalia avaient rassemblés en 2005 dans un petit livre titré Grèves et joie pure.

Sur un autre mode, mais toujours dans le champ des lieux et organisations du travail, on peut évoquer ici le film Dernier maquis (Adhen), de Rabah Ameur-Zaïmeche (2008), dont le cadre est celui d’une entreprise de garage de poids lourds et de réparation de palettes, au fond d’une zone industrielle en déclin. Des palettes empilées, passées à la peinture rouge ; et des employés, comme le patron, d’origine immigrée (Afrique du Nord comme Afrique subsaharienne). Ce patron appelé Mao – convoquant la double référence de Mao Zedong et Mahomet ! – décide de construire une mosquée dans l’enceinte de l’entreprise, en désignant lui-même, parmi les ouvriers, un imam et un muezzin (donnant des scènes mémorables d’appel à la prière du haut des piles de palettes faisant office de minarets).

Rabah Ameur-Zaïmeche pose son regard tout en complexité sur le sujet des croyances, de la religion et de l’ordre social, dans le prolétariat d’origine immigrée aujourd’hui, avec des moments de sincérité individuelle dans l’engagement de la foi, mis en regard de l’utilisation de la religion comme outil de contrôle social, singulièrement lié à l’exploitation du salariat. Voilà pour nourrir en l’actualisant, le thème du Réfractions n° 14, Ni Dieu ni maître : religions, valeurs, identités (printemps 2005).

Mais pour ce qui concerne mon propos ici, il y a surtout cet environnement scénique des palettes, des piles de palettes rouges, formant colonnes ou murs, physiquement épais mais ajourés, filtrant la lumière de manière très singulière (et l’on se rappellera que dans la religion catholique, la dimension des vitraux de l’art gothique repose tout entière sur la conception que la lumière qui « anime » les motifs des vitraux est l’expression sensible de Dieu).

D’agent révolutionnaire dont la flamme éclate littéralement le sol de l’exploitation (dans l’hiver des territoires concordataires de l’Alsace-Moselle), notre palette superstar devient ici l’environnement physique et psychique d’une intimité religieuse au travail. Tabernacle !

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Rencontres du troisième type

Et vinrent les Gilets jaunes !

On s’accorde à reconnaître dans l’irruption des Gilets jaunes un des marqueurs, en France, des bouleversements à l’œuvre dans le monde, qui attestent d’un changement d’ère historique. Or la palette-bois n’est pas restée à l’écart de ce mouvement, en s’invitant dans les bagages des occupeurs de ronds-points, pour y acquérir une iconicité dans le paysage périurbain et rurbain (néologisme qualifiant ces territoires naguère ruraux, mais dont la vie propre a été déstructurée par le champ de force d’une agglomération, et notamment ses zones commerciales induisant un aménagement de l’espace très normé, dont les ronds-points sont un des éléments).

On vit alors sur ces ronds-points occupés des abris collectifs, qui, en tâtonnant, retrouvaient des formes propres aux abris nomades ou semi-nomades (huttes, tentes, yourtes, tipis…), dont Denis Couchaux a dressé une typologie et fait une description et une analyse dans un livre, Habitats nomades, paru aux éditions Alternatives en 2004, dans la collection justement nommée Anarchitecture.

La palette simplement retenue inclinée par un montant et dont les interstices auront été comblés, fera, en fonction de sa taille et de son assemblage, un simple paravent à la façon des Patagons, des Argongas d’Australie ou des Semang de Malaisie, ou une hutte à la manière des Payiutes d’Amérique du Nord.

Dressées dans l’axe central, elles pourront servir de faîte pour y tendre de part et d’autre une grande bâche (ou un patchwork de toiles, tissus, bâches), à la façon d’une tente noire (terme générique donné à un type dont les variantes se rencontrent de la Mauritanie au Tibet en passant par l’Afrique du Nord, les Proche et Moyen Orients).

Positionnées au contraire en parois extérieures, avec la même grande bâche (ou le même patchwork) venant coiffer l’enceinte ainsi formée, elles feront une base de yourte mongole, ou bien d’habitation massaï.

Positionnées orthogonalement l’une par rapport à l’autre, elles peuvent assurer un contreventement pour des constructions plus élaborées.

Et bien sûr, tout ceci non pas à la place, mais en sus, de la palette barricadière anti-Versaillais, et de la palette foyer autour duquel s’organisent les délibérations de l’assemblée souveraine, pour sortir de l’hiver démocratique trop longtemps enduré.

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Rencontres du quatrième type

Et vint le virus couronné (dynastie des SARS-CoV, 2ᵉ du nom !), lui aussi annonciateur du changement d’ère, caractérisé par des effondrements plus ou moins importants de sous-systèmes socio-naturels.

Or avec les confinements, déconfinements, reconfinements et redéconfinements, décrétés par le Pouvoir dans un mélange d’improvisation et de pulsions autoritaires, un espace de la ville est devenu une ligne de front politico-sociale face au virus : les terrasses !

Ces mêmes terrasses qui avaient déjà fait irruption avec les attentats de 2015, comme ligne de front face au terrorisme (le courage suprême consistant à y retourner boire cafés et bières pour afficher notre supériorité sur les « barbares »). Âme de Paris disent les édiles (au prix du café, on espère effectivement que l’âme est comprise…). Au vrai, liberté néolibérale prisonnière des limites de la patente du limonadier d’un côté et du pouvoir d’achat du consommateur de l’autre.

Incidemment, j’ai dans mon quartier une librairie au fonds de sciences humaines essentiellement d’occasion (humoristiquement nommée L’Odeur du book). Or ses gérants m’ont expliqué n’avoir pas souffert tant que ça durant les confinements et le premier déconfinement, car aux fidèles qui commandaient et se faisaient livrer, ou venaient chercher leur commande à la porte de la librairie (le fameux click & collect) s’ajoutaient les badauds qui s’arrêtaient car c’était un des rares commerces ouverts. Tandis qu’avec le second déconfinement, la fréquentation de fin de journée (l’après-boulot) a chuté d’un coup lorsque les terrasses furent autorisées ! « Boire ou lire, il faut choisir », tel serait la nouvelle devise. De quoi militer avec Erwan Sommerer pour « La prohibition décrétée à soi-même » (article autour de l’abstinence au sein du mouvement anarchiste, comme cohérence vis-à-vis du but de s’émanciper de tous les maîtres – paru dans le n° 47 de Réfractions, La faim et les moyens, automne 2021).

137 Illustrations Matthias Delépine.

Terrasse et ville

Les terrasses dans l’espace urbain peuvent être vues comme des Marches, au sens historique, entre l’Empire de l’Ordre et l’espace des possibles. L’Empire de l’Ordre, dans une ville comme Paris, c’est le bâti ordonné selon l’axe de la rue ou les limites de la place. L’espace des possibles, ce sont ces rues et ces places, espaces de mobilités et de représentation à lui-même du corps social (lire l’article de Sylvia Rüppelli dans le Réfractions n° 28 : « Liberté, égalité, urbanité : la rue en balade entre Venise et Chicago »).

Mais si ces terrasses sont des Marches, qui en est le Marquis ? Le parti de l’Ordre, qui annexe ainsi une frange de territoire, au pied de ses châteaux, pour y afficher les valeurs de l’Empire : consommation et arrogance du sentiment de propriété ? Sans cautionner le moins du monde les attentats de 2015, force est de reconnaître que les terrasses qui furent attaquées étaient d’anciens territoires populaires définitivement annexés et colonisés par le bobo (concept trompeur du « bourgeois bohème »).

Ou bien le Marquis est-il le peuple grouillant qui, depuis la rue ou la place agora, s’étale et investit l’espace disponible, pour venir boire à « l’Indépendance du monde » (Chant des ouvriers, Pierre Dumont, 1846) jusqu’aux pieds des remparts de l’Ordre ? Ceci n’arrive plus guère que lors de manifestations, hyper-policées (dans tous les sens du terme), quand les terrasses sont entièrement investies par des groupes de syndicalistes, avec leurs chasubles et drapeaux distinctifs, formant comme des armées moyenâgeuses campant au pied des remparts assiégés, oriflammes au vent. Parfois, de noirs blocs de gueux enragés, en formation commando, engagent l’assaut – au niveau d’un McDonald’s par exemple – croyant ouvrir une brèche, mais précipitant (au sens chimique du terme) l’intervention des troupes sur-armées de l’Empire.

La palette en terrasse

Or donc, un des enjeux des représentations contradictoires sur lesquelles l’État a joué face au virus couronné – garantir la santé, l’ordre et l’économie – s’est fixé sur les terrasses, comme seule configuration possible pour relancer l’activité des bars et restaurants. Au bénéfice d’un desserrement des mailles du RET (Règlement des étalages et terrasses) dans les grandes villes, les établissements qui avaient déjà les autorisations pour une terrasse l’ont souvent juste agrandie. Tandis que ceux qui n’avaient jamais eu de terrasse en ont construit une pour mettre l’espace littéralement « hors les murs ».

Ainsi, lors du second déconfinement du printemps 2021, et pour une période fixée jusqu’au mois d’octobre suivant, a-t-on vu fleurir un peu partout des terrasses rapidement pensées et exécutées, prenant la place des voitures garées, sur la portion de chaussée en face de la devanture de l’établissement. À la va-vite, pour faire l’heure à la date décrétée de l’ouverture, le matériau privilégié fut derechef notre palette-bois superstar !

Que ce soit pour mettre à niveau du trottoir la terrasse posée sur la chaussée, ou pour former un parapet délimitant et protégeant de la circulation de la rue, ou pour former des montants aux faîtes desquels pouvoir poser un toit et disposer ainsi d’une terrasse couverte, c’est la palette qui prit possession de l’espace public, sauf là où des exigences de standing (quartiers riches ou zones particulièrement touristiques) imposaient un travail de menuisier un peu propre.

Et à nouveau, cette institutionnalisation d’un provisoire a promu une anarchitecture improvisée et hétéroclite, à l’instar des abris de ronds-points des Gilets jaunes, partageant avec eux l’esprit nomade de la yourte.

Une idée de provisoire, une construction autonome « inexperte », un espace pris sur celui de la voiture (chaussée), plus que sur celui du piéton (trottoir), et une représentation à lui-même du corps social de la ville dans l’acte de convivialité du manger et du boire, qui nous renvoie à l’imaginaire du banquet, y compris le banquet de la vie des chansons révolutionnaires (cf. ici encore le Réfractions n° 47 La faim et les moyens, automne 2021), voilà qui pourrait modifier durablement le rapport à l’espace urbain, comme un marqueur de plus de la fin d’une ère. « Ça branle dans le manche ! »

Car si ces terrasses n’ont été autorisées en 2021 que pour la période de mai à octobre, elles sont suffisamment conformes aux principes du réaménagement urbain au profit du piéton (singulièrement à Paris), pour qu’on fasse le pari que la saison des terrasses rouvrant au temps des cerises sera reconduite et marquera durablement l’espace de nos villes (au jour de parution du Réfractions que vous tenez en main, nous saurons si j’ai gagné ou perdu mon pari).

Rencontres du quatrième type et demi

De manière plus diffuse et moins spectaculaire, mais pas moins marquante, la palette-bois est également de plus en plus exfiltrée des espaces concentrationnaires de la marchandise, par les adorateurs de La Trinité libertaire « D.I.Y. » (Do It Yourself). Héritiers des Pieds nickelés (eux-mêmes contemporains de l’anarchisme moderne, et ayant porté au niveau d’un art la valeur de débrouillardise : le fameux « système D »), les mouvements DIY auront tôt fait d’assurer la transsubstantiation de vulgaires palettes en rack à vélos, en gros cubes pour unités de potager urbain, en bac-composteur, en fauteuil de terrasse extérieure, etc. Bref, autant d’expressions de ces nouveaux usages de l’espace, caractéristiques d’un monde advenant, et dans un esprit clairement autogestionnaire.

Une même palette

La palette est donc désormais non seulement partout, mais en outre toute proche. De support de la marchandise reine, elle est peut-être en train de devenir le matériau privilégié pour hâter la fin de cette marchandise reine. Palette de la révolte pour barricadiers, le cas échéant pyrophiles (sic). Palette du foyer de l’assemblée souveraine. Palette « anormée » grain de sable de la chaîne logistique. Palette pour des abris nomades et semi-nomades dans des périphéries à autonomiser. Palette support à des pratiques sociales de convivialité (sur un mode institutionnel ou bien autogestionnaire). Et tout ceci dans un espace social qui retourne petit à petit à l’extérieur, invitant à une réappropriation commune, jusqu’au cœur de nos villes les plus surveillées.

Et « gare à la revanche », car c’est la même palette qui, depuis ses usages les plus élaborés, peut à tout moment et en un instant redevenir matériau brut de barricades enflammées, précisément jusqu’au cœur de nos villes les plus surveillées, mobilisant un imaginaire de Commune.

Une histoire de palétuvier

En 1934, alors que les tensions s’exacerbaient en Europe entre les démocrates (sociaux ou libéraux), les forces révolutionnaires et les fascistes, sortait en France une opérette – Toi et moi – avec une chanson en duo qui connut un certain succès : Les palétuviers, dont le refrain ridiculement coquin, jouait des allitérations permises par le mot :

— [Pedro] Ah ! Rien ne vaut pour s’aimer les grands palétuviers, chère petite chose !

— [Honorine] Ah ! Si les palétuviers vous font tant frétiller, je veux bien essayer…

— [Pedro] Ah ! Viens sous les pa…

— [Honorine] Je viens de ce pas, mais j’y vais pas à pas !

— [Pedro] Ah ! Suis-moi veux-tu ?…

— [Honorine] J’te suis, pas têtue, sous les grands palétu…

— [Pedro] Viens sans sourciller, allons gazouiller sous les palétuviers

— [Honorine] Ah ! Sous les papa papa, sous les pa, les létu, sous les palétuviers…

— [Pedro] Ah ! Je te veux sous les pa, je te veux sous les lé, les palétuviers roses…

— [Honorine] [Pedro] Aimons-nous sous les palé, prends-moi sous les létu, aimons-nous sous l’évier !…

Qui sait alors si en 2034, lorsque les tensions entre protagonistes de l’ère agonisante et de l’ère avenante seront à leur comble, l’on pourra rajouter un autre mauvais jeu de mots à la chanson :

— Ah ! Sous les palettes tu viens ?…

Transversale Les livres, les revues, etc.