Ici et maintenant

Ici et maintenant
Uri Gordon et le primat du présent dans le projet libertaire

Daniel Colson

« Utopies concrètes », « stratégies interstitielles », « préfigurations », « intersectionnalité », « cadres temporels », etc. ; l’intérêt universitaire pour l’anarchisme est à l’origine d’un grand nombre de notions, et d’analyses, soucieuses de rendre compte d’un projet qui se réclame de l’anarchie. Au risque cependant de négliger la richesse d’une pensée autochtone trop longtemps ignorée ou méprisée pour faire valoir ses concepts et sa vision du monde.

En effet, aux côtés du foisonnement académique, il n’est pas superflu de rappeler la longue liste des concepts élaborés par l’anarchisme, « directement » pourrait-on dire, dans le feu de ses pratiques et tout au cours de ses « brèves histoires » auraient dit Lydie Salvayre et Hans Magnus Enzensberger1.

Action directe, minorités agissantes, affinités, propagande par le fait, fédéralisme, forces collectives, résultantes, etc., pour les concepts les plus anciens.

Autonomie, autogestion, spontanéisme, auto-organisation, consensus, collectifs, coordinations, etc., pour les plus récents.

Autant de notions libertaires, anciennes et nouvelles auxquelles on peut joindre, pour ceux qui le souhaiteraient, une sorte d’exercice collectif.

Onze énoncés libertaires

Passant de l’empire romain au Moyen Âge, substituons un instant la scolastique à la patristique (les « pères » de l’Église) dont nous parle Uri Gordon, une scolastique répétitive et discontinue en l’occurrence, celle des « disputes », « sentences » et autres « commentaires ». C’est ainsi que l’on peut soumettre à la discussion onze énoncés libertaires. Des énoncés plus ou moins énigmatiques mais qui se font écho, à la fois communs dans ce qu’ils disent et différents par la diversité de leurs auteurs, de leurs formulations et de leurs conditions d’énonciation (chansons populaires, comptes rendus de réunion, exposés théoriques, brochures militantes…). À la manière des aphorismes de Nietzsche, qui lui-même s’appuyait sur les fragments présocratiques, à un moment où face à la culture de son temps l’anarchisme ouvrier mettait en œuvre une démarche systématiquement placée sous le signe du fragment et de l’éclectisme2.

Lecteurs, lectrices, à vos crayons !

  1. « Chaque chose porte sa loi en elle-même » — Michel Bakounine, Considérations philosophiques sur le fantôme divin, le monde réel et l’homme, Entremonde, 2010, p. 87.

  2. « Chaque chose possède son absolu, sa substance en soi, son énergie propre, sa modalité à elle » — P.-J. Proudhon, De la Justice, vol. III, Marcel Rivière, 1932, p. 401.

  3. « La particularité, c’est mon existence et mon être, ce que je suis Moi-Même » — Max Stirner, L’Unique et sa propriété, L’Âge d’Homme, 1972, p. 212.

  4. « Quand chacun combattra pour sa propre cause, personne n’aura plus besoin d’être représenté » — Ernest Cœurderoy, Hurrah !!! ou la révolution par les Cosaques, Champ Libre, 1972, p. 257.

  5. « L’universelle indépendance » — Henri Nadot, Les Canons, 1872.

  6. « L’indépendance du monde » — Pierre Dupont, Le chant des ouvriers, 1848.

  7. « L’“état d’exception” dans lequel nous vivons est la règle » — Walter Benjamin, « Sur le concept d’histoire », Œuvres, III, Gallimard, 2000, p. 433.

  8. « Nous sommes unis parce que nous sommes divisés » — François Guy, délégué du groupe La Plèbe, de Béziers, à une rencontre internationale en 1882, Le Révolté, no 13, 19 août 1882[^3].

  9. « Prolétaires du monde entier, descendez dans vos propres profondeurs, cherchez-y la vérité et créez-la. Vous ne la trouverez nulle autre part. » — Piotr Archinov, Le mouvement makhnoviste, Bélibaste, 1969, p. 388.

  10. « C’est lorsque nous nous isolons le plus radicalement, lorsque nous nous enfonçons dans notre moi profond et singulier, qu’en définitive nous découvrons notre essence, cachée dans notre propre cœur, la communauté primordiale et universelle : la communauté avec le genre humain et avec l’univers » — Gustav Landauer, La Communauté par le retrait et autres essais, éditions du Sandre, 2009, p. 36.

  11. « L’anarchie et l’unité sont une seule et même chose, non pas l’unité de l’Un, mais une plus étrange unité qui ne se dit que du multiple » — Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille Plateaux, Minuit, 1980, p. 196.


Dans l’attente d’une « dispute » en bonne et due forme, à partir de ces onze énoncés, on peut avancer quelques remarques préliminaires.

Uri Gordon et l’anarchisme contemporain

Parmi les nombreuses publications de ces dernières années, c’est sans doute Uri Gordon (parce que militant ?) qui contribue le mieux à saisir l’originalité et la radicalité du projet libertaire, et ce de trois grandes façons :

— Dans sa prise en compte de l’histoire de l’anarchisme et plus particulièrement de son apparition, au cours de l’AIT (de 1864 à 1878), en permettant ainsi aux événements d’alors d’éclairer les énoncés qu’ils contribuent à produire ; non plus sur le terrain extérieur et rétrospectif des savoirs académiques mais au cœur même des expérimentations libertaires qui les ont vu naître.

— Second intérêt du texte : sa critique convaincante du concept de préfiguration et de sa double dépendance : a) vis-à-vis des savoirs universitaires dont cette notion est issue3 ; b) et, plus fondamentalement encore, au regard longtemps hégémonique du temps providentiel (ou déterministe) propre aux eschatologies chrétienne ou marxiste. De saint Paul aux « pères de l’Église ». De Marx à Lénine. Là où les expériences émancipatrices sont doublement dépossédées de leur force au profit des « préfigurations » passées qu’elles se contentent d’« accomplir », au profit des événements futurs dont elles ne sont plus que la pâle image préparatrice, l’« ombre des biens à venir » comme le dit l’Épître aux hébreux.

— Troisième intérêt : sa façon de prendre au sérieux – même si c’est pour s’en démarquer en partie – la radicalité pratique et théorique des mouvements libertaires de ces dernières décennies. À l’opposé des prophéties et des déterminismes propres aux préfigurations passées ou à venir et pour « tout un pan du militantisme contemporain », il s’agit « de résorber entièrement l’accomplissement révolutionnaire dans des pratiques éthiques se donnant ici et maintenant et se dissociant complètement de l’avenir » (p. 47). Comme l’affirme le collectif CrimethInc :

Il est crucial que nous aspirions au changement, non pas au nom de quelque doctrine ou d’une grande cause, mais en notre nom propre, de sorte que nous soyons en mesure de vivre des vies qui ont davantage de sens. (p. 47-48)

Une troisième voie ?

Uri Gordon ne se reconnaît pas dans un projet révolutionnaire bâti sur le modèle marxiste ou chrétien, là où chaque moment présent – avec ses circonstances, ses incidents et ses accidents (perçus comme secondaires) – est entièrement soumis aux causes premières et finales, aux déterminations du passé comme aux vaines attentes d’un futur perpétuellement à venir.

Mais – d’une façon plus discutable – Uri Gordon hésite à se reconnaître dans un « présentisme » (p. 48) anarchiste certes contemporain et extrême, mais que l’on aurait tort pourtant de réduire à une simple nouveauté plus ou moins désespérée. Aussi pessimiste qu’il puisse être, dans ses conditions et ses espérances actuelles – au point de se transformer en « simples scènes culturelles et d’abandonn[er] la politique révolutionnaire au profit de menées égocentrées » (p. 48) – le présentisme et plus exactement l’immédiateté des courants les plus radicaux de l’anarchisme contemporain ne rompent pas avec la spécificité du projet libertaire4. Ils n’ont rien d’une nouveauté. Ils caractérisent l’anarchisme dès sa naissance. Mieux (ou pire), ils s’identifient à cette naissance, à un moment, la fin du XIXe siècle où même les idées particulièrement optimistes de « progrès » et d’« automatisme révolutionnaire » sont dynamitées par le caractère atemporel du « Grand Soir » et de la « Grève générale »5.

Cette immédiateté et cet attachement aux moments vécus, on les retrouve dans les énoncés proposés plus haut. On les retrouve dans les « profondeurs » d’Archinov (au soir d’une nouvelle et terrible défaite). Mais on les retrouve également dans la « loi », « la substance », « l’absolu » et « l’énergie » « propres à chaque chose » de Proudhon et de Bakounine. On les retrouve dans « l’universelle indépendance » de Nadot, dans « l’exception » et la « singularité » de Stirner et de Benjamin ; dans le « repli », le « retrait » et « l’isolement » de Thoreau et Landauer, ou encore dans la « communauté » de Martin Buber et dans la façon dont ce dernier en rend compte, d’une façon explicite :

Notre communauté ne veut pas de révolution ; elle est la révolution6.

Le primat du présent dans le projet libertaire

D’où une série de questions :

Comment penser la différence et les points communs entre l’anarchie première (au sens négatif du mot) et l’anarchie positive de Proudhon, l’« universelle indépendance » que chante Nadot, comme expression et comme condition des mouvements émancipateurs, là où « chaque chose » vient, chacune à son tour, répéter le tout ?

Comment penser l’identité de l’un et du multiple (énoncé 11), du même et du différent, de l’unité et de la division ; la division comme cause de l’unité (énoncé 8) ?

Comment penser des « événements » (de « Mai 68 » par exemple) chaque fois « uniques », « exceptionnels » et « particuliers » (énoncés 7 et 3), propres à « chaque chose » (énoncés 1 et 2), possédant leur propre « vérité » (énoncé 9) ?

Comment penser des « forces collectives » (et leurs « résultantes ») capables quelque temps de se mettre en « mouvement », à partir de ce qu’elles sont et de ce qu’elles peuvent de façon si singulière, pendant plusieurs années ou quelques instants7 ? Des mouvements tous appelés à « mourir » mais répétitifs et possédant leur propre devenir8 ; eux-mêmes composés et composants d’autres événements d’autres mouvements, d’autres « puissances collectives » (Uri Gordon, ci-dessus p. 46), d’autres « résultantes » ; des plus petites aux plus grandes.

55

Comment donner vie à un monde commun qui reposerait entièrement sur l’autonomie « absolue » des êtres qui le composent et le font être ? Là où toute situation émancipatrice se réapproprie la « souveraineté » usurpée des dieux et des États ? Là où « chaque chose » peut prétendre à « l’absolu » dont parle la philosophie traditionnelle, un « absolu » « dont tout dépend » et « qui ne dépend de rien » (comme le dit le dictionnaire Lalande), « qui seul peut dire » – à la suite de la Bible (et de Popeye) – Je suis celui qui suis9.



Face à cette avalanche de questions, l’anarchisme dispose de deux réponses possibles :

— La première est de l’ordre des « faits ». On la trouve dans les différentes expérimentations libertaires et plus particulièrement dans l’histoire de l’AIT. Non d’abord dans l’affrontement spectaculaire entre Marx et Bakounine (avant le suicide bureaucratique du Conseil général, à La Haye en 1872) mais, beaucoup moins perceptible et dès 1864, dans une série de tensions et d’incompatibilités qui rendent la nouvelle association si étrangère au projet politique du marxisme. Comme le montrent par exemple les deux modalités d’adhésion à l’Internationale : a) d’un côté les adhésions individuelles, ouvertes à tout le monde et qui nourrissent le fonctionnement idéologico-politique du Conseil Général de Londres ; b) d’un autre côté et sur le terrain économique et social cette fois, les adhésions collectives, principalement ouvrières et professionnelles10, qui, un peu partout dans le monde, assurent le déploiement de la nouvelle association, de 1872 à 1878, mais aussi, paradoxalement, la non symétrie entre marxistes et bakouniniens, ces derniers prétendant justement adhérer collectivement, à partir d’une « Alliance intime » promise au long avenir des « groupes affinitaires » et des « minorités agissantes ».

— Seconde réponse aux questions qui précèdent. Elle est d’ordre théorique cette fois. On en trouve de nombreuses expressions dans l’étude de Uri Gordon11 : lorsqu’il parle « d’autosuffisance » des événements révolutionnaires par exemple et qu’il oppose leur caractère « concret » aux « prototypes » abstraits des modèles religieux et représentatifs ; ou encore lorsqu’à la suite d’Emma Goldman (et contre ce qu’il explique par ailleurs) Gordon ne se contente plus d’affirmer l’obscure « unité » des « moyens et des fins » mais s’attache au contraire à dissoudre cette distinction trompeuse, à transformer les moyens en fins (p. 46), à faire de toute chose une « fin en soi »12 ; depuis les entités les plus vastes et les plus durables jusqu’aux plus petites interactions de la vie immédiate ; ces innombrables et minuscules situations qui surgissent, disparaissent, se succèdent, s’incluent et s’enchevêtrent, s’imposent, se répètent et se mettent en série, chaque fois d’une façon différente ; ces situations immédiates et fugitives où – pour les libertaires et du point de vue de l’émancipation – se jouent les destins politiques les plus déterminants. À la manière de Paul Robin et d’Anselmo Lorenzo, délégués à la conférence de Londres (1871), qui, avec la force de l’évidence, choisissent aussitôt de se ranger dans le camp antiautoritaire, au simple spectacle de Marx trônant au milieu de la cour servile de ses disciples13.

Avec les notions de « vécu » et d’« expériences » (« concrètes », « répétées », « humaines »), etc., ou encore le caractère forcément présent et immédiat des « expériences mentales », fussent-elles les plus attachées aux « visions d’avenir », c’est de multiples façons que Gordon met en évidence la dimension radicalement présente, « intime » et subjective du « monde réel » dont parle Bakounine. Un monde « présent » « indépendant […] de toute référence extérieure » (p. 46).

Cette conception originaire du projet libertaire, et du rôle premier et paradoxal qu’il accorde au concept d’anarchie (absence de principe premier), on la trouve partout suggérée dans le texte de Gordon mais d’une façon comme empêchée. En effet, comment aller jusqu’au bout d’une Idée qui s’oppose à toute « extériorité » des lois, des causes et des raisons d’être, qu’elles soient premières ou finales, une Idée pour qui et comme le disent les textes anarchistes chaque chose possède sa propre « cause », sa propre « loi », sa propre « substance », son propre « absolu » ?

Et c’est ici que Gordon peut donner l’impression d’hésiter, non qu’il soit tenté de revenir au déterminisme et aux lois providentielles des « préfigurations » marxistes et chrétiennes, mais en estimant nécessaire de redonner au projet libertaire un « cadre » préalable : les « valeurs » par exemple, « l’éthique » principalement, les « principes » ou, avec insistance, l’omniprésence des « cadres temporels » (plus de vingt occurrences), « générateurs » et « récursifs », « anarchistes », etc., comme autant de formes a priori des différents modèles d’émancipation. Mais en ignorant du même coup l’immanentisme radical d’un autre et puissant courant de pensée (de Proudhon à Bakounine, de Spinoza à Bergson, de Leibniz à Nietzsche et Deleuze) sans doute le plus capable, sur le terrain de la pensée, de faire écho au projet libertaire.

Conclusion

Dans un poème sans titre (2018) sur l’intime affinité entre « boxe », « mécanique » et « sociologie », la militante féministe stéphanoise Elsa Chevrier avance à son tour une brève et étrange proposition :

Dans tout ce qui est se trouve la totalité de ce qui est […] Explosif ! 

Près de cent-cinquante ans après De la Justice dans la révolution et dans l’Église, E. Chevrier, « sociologue, boxeuse et mécanicienne-auto », renoue avec l’euréka de Proudhon découvrant la Monadologie14. Elle contribue du même coup à répondre aux questions qui précèdent, une réponse que l’on peut exposer dans trois dernières propositions :

1 – Pour le projet libertaire chaque chose porte en elle-même la totalité de ce qui est. Chaque situation ou événement émancipateur se détermine lui-même15, en récusant toute autre détermination forcément extérieure et oppressive, qu’elle soit présente, première ou finale. En justifiant que toute situation, quelle qu’elle soit, en taille et en durée, puisse exprimer le tout, à la manière d’un « coup de dés » dirait Deleuze, à travers une lutte incessante et partout répétée entre domination et émancipation, « une lutte passionnelle, un combat affectif inexpiable, au risque d’en mourir », « le combat entre les servitudes et les libérations16 ».

2 – Chaque chose porte donc en elle-même la totalité de ce qui est, telle est la première proposition. Mais sous un certain point de vue. Telle est la seconde proposition qui donne tout son sens au concept libertaire de « fédéralisme », non sous sa forme juridique et institutionnelle mais dans un rapport où chaque entité s’émeut, au plus profond d’elle-même, en découvrant grâce au point de vue des autres, chaque fois de façon nouvelle et singulière, ce qu’elle possède déjà de façon confuse et cachée, en démultipliant ainsi à l’infini la puissance commune.

3 – D’où une dernière proposition sous la forme provisoire et humoristique d’un douzième énoncé. Il est proposé par Jean-René, un camarade de Réfractions (février 2021). Il ne s’agit plus ici de boxe ou de mécanique-auto mais (en vue d’un prochain numéro de notre revue) « d’alimentation » et de « sexualité » ; ou encore, d’une façon apparemment plus sérieuse, de la récurrente question de « l’universel », et plus précisément encore, pour ce qui nous occupe ici, de « l’universelle indépendance » de Nadot. Un douzième énoncé volontairement placé sous le signe de l’humour et de la psychanalyse qui, dans l’attente d’autres, nous servira de sujet final de méditation :

Le grand jeu social des groupes humains consisterait à s’associer avec Soi-même et à se dissocier d’avec les Autres […]17. En effet le-irréductiblement-Un fonctionnerait comme la dissociation de tous les autres, pris isolément et ensembles. Mais parallèlement cette dissociation de tous les autres devient le critère même de l’association possible avec tous. L’Universel serait dans ce mouvement même d’association et de dissociation […] retourné comme une chaussette !18

Daniel Colson


  1. L. Salvayre, Pas pleurer, Seuil 2014 ; H. M. Enzensberger, Le bref été de l’anarchie, Gallimard, 1975. 

  2. Sur l’intimité du lien entre « fragments » et pensée ou projet libertaire, voir mon article « Éclectisme et dimension autodidacte de l’anarchisme ouvrier » dans À contretemps, n° 41, septembre 2011. 

  3. « Contrairement à l’éthos qu’elle défend, l’expression ‘politique préfiguratrice’ n’a pas émergé spontanément dans le discours militant, mais a été introduite par deux théoriciens du social » (ci-dessus, p. 38). 

  4. « Un rapport générateur proprement anarchiste » (p. 48). 

  5. Sur la notion d’automatisme voir James Guillaume, « Automatisme »_ dans La Vie Ouvrière_, n° 114, 20 juin 1914. 

  6. Martin Buber, Communauté [1901], Éditions de l’éclat, 2018, p. 32 (souligné par l’auteur). 

  7. Les six années de l’Internationale anti-autoritaire, les douze années des bourses du travail et de la première CGT françaises, les quinze années de l’anarcho-syndicalisme espagnol, les trois années de la makhnovtchina ukrainienne, mais aussi la répétition incessante des innombrables instants de révolte des écoliers ou des apprentis en colère. Sur la « subjectivité et l’intériorité de la force » propres à l’anarchisme, voir « Éclectisme et dimension autodidacte de l’anarchisme ouvrier ». 

  8. Suite aux luttes étudiantes de 2009, voir la brochure Les mouvements sont faits pour mourir (collectif, Lyon, 2010). 

  9. A. Lalande, _Vocabulaire technique et critique de la Philosophie _PUF, p. 4, Popeye (de Elzie C. Segar) et sa célèbre proposition : « ‘Chui comme ‘Chui ! ». 

  10. À la veille de la Commune de 1871, plus de soixante-dix chambres syndicales parisiennes sont adhérentes de l’Internationale. 

  11. Principalement quand il fait appel aux « sources primaires » de l’anarchisme (E. Goldman, Bakounine, textes de l’Internationale antiautoritaire, etc.). 

  12. Dans cette perspective que nous laisserons ici en suspens, toute réduction à un rôle de « moyen » est l’indice certain d’une domination. 

  13. Voir, parmi les nombreux exemples possibles, que Gordon qualifie « d’éthiques », la façon dont La Vie Ouvrière (n° 112, 1914) oppose Marx et Bakounine. 

  14. « La monadologie n’a guère été pour Leibniz qu’une hypothèse ; il s’agit d’en faire une réalité. » De la Justice…, vol. III, édition citée, p. 400, et considérations suivantes. 

  15. D’où le lointain et pauvre concept juridique d’autodétermination. 

  16. G. Deleuze, Critique et clinique, Minuit, p. 180 et 182. 

  17. En obligeant les points de vue explicites des « autres » à passer par le creuset originaire des « profondeurs » propres à chacun dans lesquelles Archinov nous invite à « descendre ». 

  18. Sur la solution néo-monadologique des problèmes posés ici, voir mon article « Universalité et classe ouvrière » dans Réfractions, n° 43, 2019. 

La politique préfiguratrice L’anarchie en mode plus-que-présent !