Mouvement sociaux et mobilisations (Introduction)

Mouvement sociaux et mobilisations (Introduction)

Erwan Sommerer

Dans réfractions numéro 26, le sociologue libertaire Alain Bihr tire un bilan critique des mobilisations contre la réforme des retraites de l’automne 2010. Son diagnostic est sans appel : l’échec provient d’abord des organisations syndicales et de leurs directions, véritables « appareils d’État » qui ont « sauvé la mise du gouvernement ». Les syndicats ont ainsi joué un rôle de temporisation, voire de sabotage des initiatives contestataires menées à la base. Mais la mobilisation des salariés a été également marquée par des limites inhérentes – l’absence de généralisation de la grève, la faiblesse des coordinations pour articuler de manière autonome les secteurs en lu e et l’incapacité à élargir les revendications au-delà de la seule question des retraites – que l’on ne saurait occulter et qui l’ont empêchée de contrer la stratégie syndicale. Dans ce contexte, tandis que l’État français assume explicitement son « inféodation » au capital et que la légitimité des urnes est reléguée au rang de gadget obsolète, l’auteur plaide pour l’auto-organisation collective des salariés.

Comme une anticipation de ce texte, Marianne Enckell plaide dès Réfractions no 22 pour l’action directe. Commentant la fameuse « affaire de Tarnac », elle rappelle que la notion d’illégalité n’est qu’une « construction sociale » au service des rapports de domination et que l’action directe, qui assume pleinement l’illégalisme, est indissociable de l’histoire et de l’actualité de l’anarchisme. Le blocage des routes ou des trains devient alors le symbole de l’interruption des flux constants dont le néo-libéralisme se nourrit et auxquels il soumet tout autant celles et ceux qui le servent que celles et ceux qu’il exploite.

L’intersectionnalité, une idée à la mode ? Les leçons d’une défaite