Jean-Jacques Gandini
Dès le début, le collectif s’est intéressé à ce thème avec deux articles se répondant dans le numéro 2, « Philosophie de l’anarchisme » (printemps 1998) de Murray Bookchin et de John Clark.
Un premier numéro entier y sera consacré au printemps 2007 « Écologie, graines d’anarchie » (no 18) et trois autres suivront : « L’Entraide, un facteur de révolutions » (no 23) à l’automne 2009, « Entre Techno et Éco, quelle logique pour l’avenir ? » (no 32) au printemps 2014, et « Avis de tempêtes : la fin des beaux jours ? » (no 44) au printemps 2020.
Le choix s’est porté sur trois articles, le premier en entier et les deux autres légèrement raccourcis.
« Le capitalisme à un tournant » (no 18) de Pierre Sommermeyer : Il souligne les dégâts causés par les entreprises privées mais pris en charge par l’État, stigmatise le catastrophisme, pointe du doigt le risque de restriction des libertés individuelles au nom d’un « ordre vert », dénonce de façon prémonitoire le contrôle policier facilité par l’usage du téléphone portable, propose le retour à une société de proximité, et évoque des initiatives d’auto-organisation.
« Qu’a-t-on appris de l’entraide depuis Kropotkine ? » (no 23) de Pablo Servigne : Kropotkine replace l’entraide animale et humaine dans le cadre de la théorie de l’évolution, et estime qu’elle augmente les chances de survie de notre espèce. Il s’interroge sur le sens que va prendre la « révolution », comment repenser la structure des contre-pouvoirs économiques, et donc comment utiliser l’entraide en tant qu’arme contre la domination.
« La révolte, l’autre loi de l’entraide » (no 44) de Renaud Garcia : Il se livre à une critique de l’ouvrage médiatique de Pablo et de son co-auteur Gauthier Chapelle, L’entraide, l’autre loi de la jungle, et le terme « révolte » est aussi un clin d’œil à celui de « révolution » employé par Pablo dans son article paru dans le numéro 23 supra. Il critique le « nous sommes tous dans le même bateau » d’une collapsologie avant-garde d’un nouvel écologisme d’État, alors que l’entraide doit être le fondement moral d’un socialisme « par en bas ». La grandeur de Kropotkine, c’est qu’il tient de concert les exigences d’une sensibilité à la nature et celle de la critique sociale. La pratique de l’entraide implique la lutte car nous ne sommes justement « pas tous dans le même bateau », et les collapsonautes pourraient bien en dernier ressort servir de roue de secours à un capitalisme revisité, « sain et apaisé ».